Notre histoire
A partir des années 1929-1930 la pratique du football se répand en Guadeloupe essentiellement à Basse-Terre et Pointe à Pitre sous l’impulsion de jeunes lycéens. C’est ainsi que le Racing Club de Basse-Terre voit le jour le 1er janvier 1925, le Red Star le 7 juin 1927 , le groupe Sonis le 5 octobre1929, le Cygne Noir le 5 juin 1930 , la Gauloise le 1er aout 1930 , le Redoutable le 24 novembre 1930.
C’est dans ce contexte que des jeunes mouliens , dont certains sont élèves au Lycée Carnot de Pointe à Pitre , implantèrent le football à Moule. Des équipes de section telles la Compagnie Petite Guinée , la Compagnie de la Batterie… sont crées. Ces pionniers du football ont pour nom : Jules PITAT, René ARGILON, Julien GALLERON , QUERNEL , NESTY , JACEL , SEAUZEAU , les frères DANET de MARCILLAC , HUBERT , LAMBERT et bien d’autres. D’autres jeunes qui venaient les voir jouer le samedi après-midi à la savane POYEN, sur la place du marché, prirent goût à ce sport.
L’équipe nationale de l’Uruguay représentait à cette époque ce qui se faisait de mieux en matière de football sur le plan mondial. La céleste Uruguayenne avait remporté le titre olympique en 1924 à Paris , 1928 à Amsterdam et venait de triompher de l’Argentine en 1930 lors de la 1ère Coupe du Monde. Il n’est donc pas étonnant que les jeunes mouliens, grâce aux rares informations qui leurs parvenaient se soient identifiés aux héros sud-américains d’alors.
C’est ainsi que sous l’influence de GALLERON Julien, TABARIN Gérard, NOYERE Gérard, CABUZEL Joseph et autres TESSONEAU fût créé en 1930 le club Uruguay regroupant alors tous les pratiquants du football à Moule et qui comptera jusqu’à cinq ou six équipes.
Le nombre de pratiquants augmentait très rapidement et les aires de jeu étant toujours aussi peu nombreuses, des problèmes de coexistence vont se faire jour au sein du club. L’équipe première composée des joueurs suscités disputaient de nombreux matches, la 2ème équipe jouait quelques fois, les 3ème , 4ème, 5ème , 6ème équipes ne jouaient presque jamais , ce qui provoquait la déception, puis la colère de certains équipiers. Quelques jeunes de la 3ème équipe décidèrent alors pour jouer plus souvent de quitter l’Uruguay et de crèer leur propre club. Ces jeunes qui avaient pour nom principalement SALUS Marius , LAMBERT Marcel , CANCELIER Pierre , LUBETH étaient tous scolarisés au Lycée Carnot . Leur première idée fût de donner pour nom à leur nouvelle association « Le Club Scolaire Moulien » . Compte tenu de son caractère restrictif , cette appellation fût vite abandonnée pour faire place au « Club Sportif Moulien » en septembre 1931 . Aux noms cités précédemment s’ajoutèrent très vite de nombreux bons joueurs comme TIBERGE Benoît, VIRGINIUS Roro , ROMERO, etc…
Grâce aux nombreux contacts qu’ils avaient au Lycée (il ne faut pas oublier que le Red- Star, le Racing, le Redoutable, la Gauloise, le Cygne-Noir existaient déjà) , les responsables du C.S.M qui étaient joueurs eux-mêmes , purent conclure de nombreux matches à moule et dans les communes avoisinantes. Il avaient réalisé leur rêve qui était de jouer régulièrement au football et qui plus est, ils étaient amenés à rencontrer des équipes réputées. Quand c’était le cas, ils faisaient appel aux meilleurs joueurs de l’Uruguay (SALUS Fortuné ,GALLERON Julien…) pour se renforcer et défendre dignement les couleurs du Moule.
Le Club Sportif Moulien commencera dès lors à se faire une place dans le monde fermé du football guadeloupéen. A Moule , il supplanta très vite l’Uruguay qui disparût de lui-même laissant la place libre aux ambitions des plus jeunes.
Fondé officiellement le 25 septembre 1931 , le Club dépose ses premiers statuts le 18 aout 1932. Le premier conseil d’administration avait la composition suivante :
Président : Marius SALUS
Secrétaire : A. ROMERO
Trésorier : J. PITAT
Membres : J. GALLERON
M. LAMBERT
E. LUBETH
Les réunions se tenaient chez le père LUBETH qui avait une boulangerie en face de l’actuelle Ecole Lydia GALLERON et Mme SOREL, angle rue Saint Jean et DUCHASSAING.
Les aires de jeu étaient peu nombreuses. En plus de la Savane POYEN (qui a marqué plusieurs générations de jeunes) ils disposaient de la Place de l’Eglise et d’un terrain à « Lavé Pié ».
Chassés par la municipalité de la place de l’Eglise, en conflit permanent avec les riverains de la Savane POYEN à cause du bruit et des dégâts occasionnés par les ballons , il ne leur restait que « Lavé Pié » qui s’avérait impraticable en cas de pluie (le terrain avoisinant une mare) . Les jeunes du C.S.M se réfugièrent donc à Lemercier, ou à la force du poignet et à grands coups de courage, ils aménagèrent un terrain qui avait été défriché il y a quelques années et que l’administration destinait à l’aérodrome. Ainsi vit le jour le terrain de Lemercier qui allait être associé à l’épopée du C.S.M.
Le sport à Moule ne se limitait pas au football. Très tôt les jeunes avaient manifesté de l’intérêt pour la pratique sportive : l’acrobatie , la gymnastique , la course de fond . Le football malgré cela se développa très rapidement. Ayant fait le plein des joueurs de la commune le C.S.M devint très rapidement le club phare à Moule avec une équipe dans laquelle on trouvait : LAMBERT, PONREMY,
SANNIER, LIGARIUS, JACEL , CANCELIER, TIBERE, KANDAPEREDY, VIRGINIUS, CASIMIR, MIRRE .Le C.S.M s’affilia très vite à la fédération Sportive de la Guadeloupe créée le 16 avril 1939 et qui avait pour but de développer tous les sports amateurs.
En 1941 , le comité d’Education Physique organise le premier championnat de football de la Guadeloupe, neuf clubs dont le C.S.M sont retenus pour participer à cette compétition . Ce championnat qui a débuté en pleine guerre est remporté par le Cygne-Noir. Les temps sont difficiles et pour les mouliens c’est une période d’adaptation. Compte tenu des difficultés, le championnat se déroule en matches aller uniquement. En 1944 – 1945 , douze clubs sont opposés groupés en deux poules de six. Le C.S.M et le Racing-club sont vainqueurs de leur poule et en finale le C.S.M l’emporte par 6 buts à 3 . A partir de 1946 c’est l’après guerre , le C.S.M est omnisport , commence alors pour les mouliens une période faste qui va durer jusqu’en 1954 . En 1949 , pour l’un de ces premiers matches , la sélection de la Guadeloupe rencontrait à Roseau , la Dominique . L’équipe comprenait neuf mouliens .
Après avoir obtenu la 4ème place en 1946 , le CSM devait accomplir en 1947 , une saison étourdissante en remportant invaincu 14 matches (11 gagnés , 3 nuls) le championnat . Récidivant en 1948 et 1949, soit trois fois consécutivement. C’est la grande époque du football moulien.
Le C.S.M a réalisé l’un de ses exploits les plus retentissants face à l’Aigle de la Martinique ,( équipe du fameux NINEL qui joua plus tard à Lyon et fût international B), en 1947 au Stade du Raizet. Les deux équipes se rencontraient dans le cadre du tournoi des champions. A la 85ème minute , les martiniquais menaient par deux buts à un. Les supporters déçus quittaient déjà le stade. Les mouliens dans un rush final étourdissant sous la houlette de l’incomparable PONREMY marquaient deux buts en cinq minutes , remportant la victoire après avoir disputé le match qui semble le plus beau de leur histoire.
Le CSM de cette époque était caractérisé par l’esprit de dévouement de ses dirigeants , par la discipline qui règne au sein de l’équipe. L’effectif est stable et les joueurs interchangeables . Le
CSM était en avance par rapport aux autres équipes en ce qui concerne le volume et la qualité de l’entraînement . Ce sont des artistes du ballon, quelque peu fantaisistes parfois. Comme OBYDOL qui lors d’une demi-finale de la Coupe de la Guadeloupe en 1950 gagnée par le CSM 6-2 face au Redoutable , driblera toute la défense adverse pour déposer le ballon sur la ligne de but et s’en aller.
Le 5 octobre 1952 les clubs sont convoqués en congrès extraordinaire à Capesterre et c’est ce jour que naquit la Ligue Guadeloupéenne de Football. Cette année marque d’ailleurs un bouleversement important de toute l’organisation sportive de la Guadeloupe.
Les clubs durent modifier leurs statuts et affiner leur organisation. C’est en 1952 que SOREL, PONREMY , SANNIER , OBYDOL partiront en tournée , Trophée Caraïbes avec l’équipe de Guadeloupe et rencontrèrent l’ Olympique Lyonnais (2-3) , le Servette de Génève (1-4) , le Red-Star de Paris (0-2) , le Havre (1-2).
Il est à noter qu’entre 1946 et 1953 , le CSM a disputé cinq fois la finale de la Coupe de Noël .
Si en 1953 le CSM enlève le titre, en 1954 c’est la défaillance brutale et la chute irrémédiable en première division. Des dissensions se font jour au sein de l’équipe, les défaites sur le tapis vert succèdent aux défaites sur le terrain, des querelles de personnes achèvent de régler le sort du CSM qui décroche la dernière place du classement, remportant tout de même la coupe de la Guadeloupe en battant la Juventus par 3 buts à 2. Mais la même année la LGF décide d’admettre dix équipes en division d’honneur permettant ainsi aux mouliens de conserver leur place parmi l’élite . Blessés dans leur orgueil, les mouliens réalisent alors l’union sacrée, résolvent leurs problèmes et justifient leur maintien en remportant le championnat en 1956. Ils ont alors le redoutable d’être la première équipe de club à rencontrer un club professionnel : le Racing Club de Lens le 30 juin 1955 avec l’équipe suivante : ARCONTE, CARNEVAS , MATHOR, SALUS, FAIDHER, MESSOAH, SANNIER, ARAMINI, OBYDOL, PONREMY, GUILLAUME, FERRAN. La leçon est sévère et la défaite cuisante (10-0)
Peu de jours après, le CSM devient champion des Antilles en battant la Gauloise de la Martinique par 2 buts à 1 remportant ainsi la coupe de la Protectrice .
A partir de 1956 commence une période de transition qui va durer à peu près jusqu’en 1961. L’équipe est vieillissante, le football guadeloupéen commence à se faire connaître hors de nos frontières, la guerre d’Algérie vient de commencer et de nombreux jeunes sont mobilisés et bien des juniors n’ont ni le temps ni l’occasion de confirmer en équipe première.
A l’orée de la saison 1961-1962 un nouveau chapitre de l’histoire du CSM s’ouvrait. Les jeunes de la génération nouvelle avaient remplacé honorablement les anciens. C’est ainsi qu’en 1961 le CSM arrache sa participation au 7ème tour de la coupe de France en triomphant du Club Colonial de la Martinique après deux rencontres historiques devant une foule record au Stade du Raizet (1-0 au 2ème match , 0-0 au premier). Malgré un baroud d’honneur en 2ème mi-temps le C S Moule s’incline 3 buts à 2 face au FC DIEPPE le 26 novembre 1961.
A suivre la période de 1961 à nos jours …